► Chapitre I

Le bruit de la lame qui s’aiguise sur la pierre était un son familier, mais ces dernières semaines il était devenu encore plus présent que les précédentes. Heather avait l’habitude d’aiguiser ces couteaux chaque fois qu’elle était énervée, c’était d’ailleurs le signe le plus évident de son agacement, elle n’avait pas l’habitude d’exprimer sa colère par des cris mais préférait se détendre en s’occupant de ces armes. Même si les affuter était techniquement inutile puisqu’elle ne s’en était pas servie depuis longtemps et qu’elle n’était pas prête de les utilisé à nouveau. Elle n’avait pas eu l’occasion de tuer quelqu’un depuis leur mission au Vatican. On ne leur avait confié que de petites missions sans importance et, ils avaient été clair, le groupe ne devait tuer personne lors de ces contrats. Apparemment l’agence n’avait plus envie de faire le ménage après le passage du groupe, leur trace était trop évidente et leur organisation n’appréciait pas l’exposition à laquelle cela les conduisait. Par conséquent le groupe manquait cruellement d’argent, ces petites missions ne leur rapportaient pas énormément. Et à elle sept leur « salaire » était vite dépensé.

Une fois qu’elle fut certaine que ces couteaux étaient suffisamment tranchants elle les replaça à sa ceinture et alla ranger sa pierre. Elle la plaça dans le tiroir où elle disposait toutes ses affaires de mission. En refermant le compartiment une feuille froissée attira son attention. Elle contenait des inscriptions en italien. Heather se souvint l’avoir récupéré lors de « la Foirade » comme elle l’appelait dorénavant. Elle ne comprenait que quelques mots qui ressemblaient beaucoup au français tels que « museo », « sacro » et « valore instimable ». Au milieu de la page se trouvait une photo d’un objet, apparemment exposé au musée du Vatican, du peu de choses qu’elle avait pu comprendre. Elle avait besoin de plus d’information. Cet objet pourrait leur permettre de subvenir à leur besoin pour un petit moment si elles arrivaient à le vendre au marché noir et s’il valait si chère que l’article le laissait paraître, mais avant de tenter quoi que ce soit elle devait comprendre le reste du manuscrit et s’assurer que ces renseignements n’étaient pas erronés. Elle traversa la pièce où tout le groupe était réunis, mis sa cape et s’adressa à ses camarades, en leur montrant le papier qu’elle venait de trouver :

« J’ai trouvé le moyen de nous faire de l’argent »

Sur ce elle se dirigea d’un pas déterminé vers la sortie. Elle savait déjà à qui s’adresser pour traduire le texte, s’était une connaissance qui les avait déjà aidés lors de quelques missions.

Une lueur d'espoir surgit à travers ces semaines de misères à se chamailler la nourriture avec Kurata, à manger sur sa faim. Mais surtout à entendre l'agacement d'Heather à travers ses lames qui faisait un mal de chien horrible aux dents d'Iolana. Elle ne pourra néanmoins se venger, c'était la Grincheuse l'origine de cet éclat de lumière impensable dès lors ! Elle n'avait juste eu à dire une seule phrase pour que la jeune femme arrête de regarder ses espèces de ... morceaux d'habits ne servant à rien sur les côtés - des sortes de bandes de tissus - virevolter au gré du vent. Malgré sa profession pour le moins douteuse, ces petites choses du quotidien la berçaient, et ce depuis la fiasco au Vatican. Ne devraient-elles pas toutes mettre la faute sur Kurata ? Après tout, c'est un peu le vampire du groupe, toujours à courir après du sang celle-là. Faire cela contribuait à la fin de leur petite équipe de ce fait cette pensée n'était plus qu'un vague souvenir pour l'assassine. Cependant, l'addicte sanguinaire avait toujours été comme ça, pourquoi fallait-il que l'Organisation les punissent maintenant ? C'est pour le moins stupide. Iolana se posait trop de questions et elle le savait ; d'où le fait qu'elle ne montre aucune de ses émotions derrière un visage impassible, dont les muscles ne s'étirent qu'à de rares occasions.

Après avoir bondi du siège pourri ; les chats avaient faire leur passe-temps favori = oh oui on aime faire nos griffes sur du cuir, OUI ; où elle était confortablement installée elle se rua à l'extérieur, à la suite de la Grincheuse et de la Dépravée.

Quand toute la folle petite troupe fut là, il ne restait plus qu'une chose à faire : arpenter des eaux infestées de rats. Morts ou vifs. Et quel est le meilleur endroit pour faire un tête à tête avec des rongeurs transmettant la rage ? Les égouts. Et tout le monde aime les égouts ! L'odeur est agréable, la vue d'une eau verte jonchée de déchets est agréable. Un vrai paradis sous-terre. Iolana faisait tout de même attention à ses affaires, même si l'idée d'Heather était géniale, le salaire ne ressortira pas forcément aussi fabuleux qu'elles peuvent l'espérer. Déjà que le prix de la nourriture était ahurissant ... le prix d'une arme doit perforer un poumon. Elle regarda une nouvelle fois ses ustensiles pour tuer, au cas où ils pourraient tomber.

Une lueur apparut à une intersection ; si s'en était vraiment une. Elles étaient enfin arrivées. Iolana s'avança en première. Le stéréotype du passage secret faisait son retour. Elle frappa un nombre de fois précis et les briques se déplacèrent. Un homme se tenait droit devant elle, une pipe à la bouche.

« Buongiorno »

La cyborg tira sur la manche de sa veste canadienne pour couvrir sa main robotisée, tout en fusillant des yeux le dos de Heather. Les égouts la rendaient exécrable, plus à cause de l'humidité qui entraînait un dysfonctionnement de ses parties cyborgs - elle avait oublié son gant - qu'à cause de l'odeur nauséabonde qui y régnait. Elle jetait sans cesse des regards mauvais autour d'elle, sans doute pour évaporer l'eau de ses coups d’œil haineux. S'ajoutait à ça l'insupportable bruit des talons aiguilles de June. Régulier, il intensifiait l'agacement de la jeune femme. Il fallait croire que tout était combiné pour la rendre imbuvable ce jour-là : la nécessité de l'essence trop chère pour sa moto, son annulaire-machine qui s'était fait la malle, la tension au sein du groupe, largement intensifiée depuis les dernières semaines, et maintenant les égouts, apportant leur lot de désagréments.

Elle avait beau déplorer son sort, détester et insulter le monde entier, elle ne pouvait nier que leur présence dans les égouts ne pouvait qu'être bénéfique à la petite communauté. L'argent qu'elles tireraient de ce coup ... Elle s'égara un instant dans ses pensées. Une goutte d'eau tomba brutalement dans son œil, la faisant fulminer. En face d'elle, les briques s'écartèrent devant Iolana, qui s'engouffra dans le passage. Maeru lui emboîta rapidement le pas, secouant sa main-machine pour en faire cesser les soubresauts. Un homme d'une quarantaine d'années attendait le groupe dans une pièce exiguë, armé d'une pipe à la Gandalf. Il avait l'air de bonne humeur, puisqu'il fredonnait joyeusement tout en observant le groupe. La cyborg lui jeta un de ses regards assassins - elle avait eu l'occasion de les perfectionner ces derniers temps - puis se tourna vers Heather. Elle plongea ses yeux ternes dans ceux, plus éclatants, de son aînée, attendant qu'elle lui remette le manuscrit. Ce contact visuel apaisa quelque peu son humeur exécrable.

Elle se racla la gorge, comme pour chasser de sa tête les mauvais événements de ces derniers temps, et tendit de sa main de chair le papier à l'homme.

" Vous êtes en mesure de nous aider avec ça, paraît-il."

Sa voix, grave, résonna dans la salle, couvrant le bruit de l'eau un instant. Le contact sourit et attrapa la feuille. En la décryptant, il lâcha d'un ton guilleret :

" Besoin d'argent, n'est ce pas ? J'ai appris ce qu'il s'était passé lors de votre mission au Vatican. Ça vient de là bas, hm ? ... Vous devez vraiment être à court d'argent pour ressortir de vieilles paperasses qui pourraient très bien mener à rien. Et, d'ailleurs blabla... "

 Il continua à déblatérer son discours déplaisant jusqu'à ce que Maeru l'interrompe sèchement. Elle commençait à croire qu'il se foutait de leur gueule, lui et sa pipe qui dégageait de petits nuages de fumée.

" Le texte. Vous pouvez le traduire ? "

Il ne répondit rien, observant le groupe avec un grand sourire. La cyborg serra son poing robotisé et, arrachant le papier à l'homme de l'autre main, cracha :

" Ce mec ne sert à rien, allons nous en. On trouvera sûrement un gars plus compétent ailleurs "

Alors qu'elle se retournait pour s'éloigner, fulminante, l'homme sourit malicieusement et dit enfin :

" C'est à propos d'une relique. Là – il attrapa le manuscrit et pointa du doigt l'image – C'est une relique religieuse d'une très grande valeur, exposée dans une partie privée d'un musée, au Vatican. C'est indiqué qu'elle symbolise la force d'un saint antique. - il fronça les sourcils et observa le groupe- Dans les récits, il est dit que le saint qui la possédait renvoya d'horribles créatures dans l'Enfer grâce à une sorte de portail. - Il haussa les épaules, tira sur sa pipe et dit – Enfin, c'est ce qui est raconté couramment. - Il reporta son attention sur le texte- Ensuite y'a une description précise du lieu où l'objet est entreposé. Hmmm, je pense que vous pourriez en tirer un très bon prix si vous la vendiez. Avec beaucoup de zéros, je pense - toutefois il faudrait la faire expertiser pour avoir une somme précise. " ajouta-t-il.

Maeru, ébahie, le regardait désormais avec de grands yeux écarquillés.  

« Y'a vraiment écrit tout ça ? » s'exclama Reisen d'un air ébahi, en contemplant le manuscrit que tenait l'homme et qu'elle avait plusieurs fois failli transformer en avion en papier, lors de ses longues heures d'ennui. Elle jeta un regard circulaire sur ses collègues pour suivre leur réaction : surprise, puis curiosité pour la plupart. Alors elle chercha à imiter leur attitude, et resta pour le moment immobile, bien que l'idée d'entamer une danse de la joie lui soit passée par l'esprit : elle n'avait pas tout compris, mais il y avait un trésor en jeu, et les trésors rapportaient de l'argent, tout le monde savait ça. Et puis ce serait rigolo, non ? Après de longues semaines d'inactivité, leur groupe semblait enfin sur une piste intéressante. Surtout, il y avait l'argent, et en tant qu'étudiante fauchée, Reisen ne cracherait pas sur un million ou deux. Juste de quoi subsister.

Alléchée par toutes ces perspectives réjouissantes, la voleuse ne tenait plus en place. « Bon, on fait quoi maintenant ? » finit-elle par dire, se tournant vers Heather qui avait après tout pris les devants en les conduisant ici. Il était temps que les assassins reprennent du service et qu'elle-même pratique ses talents de cambrioleuse : la perspective d'une aventure était donc la bienvenue. Et l'idée de danger ne l'effleura même pas, si bien qu'elle affichait maintenant un sourire candide.

Des semaines après le bide total de la dernière mission, la petite troupe était de retour au Vatican.
L'humeur général n'était pas au réjouissement, au contraire, et l'on pouvait même sentir une pointe de tension dans l'air.
Kurata avait toujours du mal à comprendre pourquoi les "petites" maladresses qu'elle avait faites la dernière fois leur avait valu de telles conséquences. Après tout elles appartenaient à organisme d'assassins. Elles avaient effectué leur mission avec succès et peu de victimes à côté. De plus leur groupe n'était pas réputé pour être celui qui épargnait le plus de gens (et surtout pas Kurata). Leurs chefs savaient tout cela, alors pourquoi ?

La jeune fille aurait bien voulu connaître les réponses à ses questions mais elle dû arrêter là son raisonnement afin de se concentrer essentiellement sur l'objectif. Aujourd'hui elles effectuaient une mission seules, donc pas de couverture des chefs qui ne savaient sans doute pas qu'elles étaient là actuellement.
Pour une fois alors, Kurata se promis de ne pas faire de victimes .... Sauf en cas d'extrême urgence (faut pas déconner non plus). Le petit groupe étant sûrement connus des services de sécurité du pays, il devait se déplacer sans se faire remarquer, en plein jour et étant sept. Tout cela n'allait pas être simple ...
Les filles s'étaient regroupées dans une ruelle sombre (avoue t'as peur) afin de ne pas attirer l'attention. Ce qu'il fallait maintenant c'était un plan. Et un vrai, parce que cette fois le coup des touristes n'allait pas bien marcher. Et aussi, inclure dans le plan ... le paramètre interdisant toute victime -c'était difficile à admettre pour Kurata. Alors la jeune fille se tourna vers ses coéquipières.
" Eh maintenant, on fait comment ? "

Le trajet jusqu’au Vatican avait duré plusieurs heures pourtant Heather ne les avait pas vu passer. Elle était bien trop occupée à trouver un plan. Elle avait imaginé des dizaines de scénarios différents pour atteindre leur but, des plus catastrophiques aux plus utopiques. Alors, lorsque Kurata posa la question fatidique la réponse était déjà toute trouvée. Il ne pouvait pas y avoir de place pour l’approximation cette fois. Tout était pensé, travaillé et réfléchi.

« Je propose–elle ne proposait rien du tout, elle imposait- que Setsu se place sur un toit aux alentours ,elle se tourna vers elle et continua, tu seras chargée de nous avertir au moindre danger, si les flics arrivent tu nous préviens. »

Elle la regarda droit dans les yeux avant d’ajouter cette dernière phrase :

« Et tu n’utilise ton arme qu’en cas de vie ou de mort. Si c’est vital et indispensable, c’est clair ? »

Heather savait pertinemment que Setsu n’aimerait pas cette décision mais aujourd’hui c’était elle qui commandait et un coup de feu tiré dans le Vatican ne leur apporterait que des problèmes supplémentaires. L’équipe n’avait pas d’autres choix que d’atteindre leur objectif et cela ne serait possible que si tous les membres du groupe réfrénaient leurs pulsions meurtrières et laissaient de coté leurs troubles mentales, goût pour le sang et autres bizarreries en tout genre.

« Quant à nous, dit-elle en se détournant de Setsu, nous allons faire une visite instructive. On va entrer dans le musée en simples touristes, on ne se fait pas remarquer. On trouve la relique et on s’en empare. »

Heather décrivit précisément le plan à ses compagnons pendant quelques minutes. Elle savait que certaines n’avaient pas la capacité mentale pour se concentrer pendant très longtemps et gardait un œil sur Iolana et Reisen qui étaient… disons juste qu’elle les trouvait simple d’esprit. Elle voulait s’assurer que tout le monde comprenne bien les enjeux de leur mission   –non officielle-  mais après les semaines difficiles qu’ils avaient tous passés elle devinait que l’équipe se rendait bien compte de l’importance de ce qu’ils allaient accomplir. Elle savait que plus personne ne voulait se retrouver, comme les semaines passées, à cours d’argent et de missions. Elle se dépêcha donc de finir les explications pour qu’elles puissent passer à l’action qui était la phase préférée de la majorité de ses compagnons.  

Il y avait pas mal de touristes à l’entrée du musée. Le groupe faisait la queue parmi des gens de tous pays, un groupe d’assassin parmi des personnes quelconques. Heather était mal à l’aise au milieu de toutes ces personnes, avec son métier elle n’avait pas l’habitude d’être dans la foule, elle préférait les endroits cachés, à l’écart ou elle pouvait espionner et repérer ces cibles. A cet endroit elle se sentait vulnérable mais n’en montrait rien à ses partenaires.
Juste devant elle, se trouvait une femme, elle avait un sac à main noir, tout ce qu’il y a de plus classique mais ce n’est pas cela qui attira l’attention d’Heather, c’était le portemonnaie en cuir qu’elle voyait tout juste dépasser de l’ouverture de celui-ci. Elle ne croyait en aucune religion ni aucun Dieu -sinon elle aurait surement plus de réticence à s’introduire dans le Vatican pour tuer et voler- mais ceci était clairement un signe du destin. Six voleuses fauchées faisaient la queue pour entrer dans ce musée et une jeune femme exhibait son argent devant les yeux de l’une d’entre elle. Heather n’était pas la plus doué pour le vol à la tire mais cette mission même un des plus jeunes assassins qui commençait à peine sa formation à l’académie aurait put la réussir. Elle subtilisa rapidement le porte monnaie lorsque l’étrangère s’extasiait sur quelques pierres sans intérêt à l’entrée du musée comme le font souvent les touristes.

Quelques minutes plus tard le groupe d’assassin s’avança vers le guichet le plus à gauche et paya les tickets d’entrée au musée grâce au portefeuille volé quelques minutes plutôt. Alors que le groupe s’avançait pour entrer Heather entendit une personne s’exclamer, elle semblait surprise, inquiète. Elle jeta un coup d’œil en arrière, c’était la femme qu’elle venait de voler et elle ne put se retenir d’esquisser un sourire.

L'art du déguisement était une spécialité chez notre charmant petit groupe. Après tout pour s'approcher assez près d'un ministre, ou même d'un président, il fallait un déguisement qui en jette de façon à ce qu'aucune trace ne soit jamais reliée aux assassins. Se déguiser en touriste ? Le ba ba du métier. Surtout pour une jeune femme dont la concentration se perd rapidement - très rapidement même. Il faut citer par exemple cette mission en Afrique, où Iolana lors de son apprentissage devait trancher la jugulaire d'un prétendu défenseur de la cause animale. Savez-vous le prix d'une défense d'éléphant d'Afrique ou la corne d'un rhinocéros ? La jeune femme avait totalement oublié ce détail. Elle était plus " concentrée " à traquer des animaux grâce à leur excréments plutôt qu'à démanteler un cartel puissant de contre-bande. En tout point, il faut retenir une bonne chose : l'habit ne fait pas le moine. Et Iolana en est un bon exemple. Pour être assassin il ne faut avoir aucun sentiment ? Ce préjugé est déconstruit par la simple vue de la jeune femme qui semblait amoureuse des arts. Elle s'empressa de parcourir les galeries, un petit appareil photo à la main.

Iolana s'écroula sur un petit fauteuil tout mignon qui traînait dans les couloirs. À force de virevolter d'émerveillement devant les tableaux, les sculptures et autres œuvres artistiques, elle était à bout de souffle. On ne la connaissait pas pour son endurance à longue distance après tout. L'heure tournait et elle le savait. Son regard ne cessait de tomber sur les aiguilles d'une horloge. Elle était comme hypnotisée par elles. Soudainement l'une des flèches s'arrêta sur le 6. Un gamin, qui devait sûrement apprendre l'heure, s'exclama d'une voix complètement horrible et assourdissante - cependant avec un accent italien fortement prononcé : « Mama, pourquoi l'aiguille pointe vers le bas ? Il est beaucoup plus pourtant non ? » Iolana regarda de nouveau les aiguilles. C'est vrai que c'est étrange. Ça fait une bonne vingtaine de minutes que je suis là et elle est toujours à la même place ... Elle écarquilla les yeux. Elle était tellement avalée dans l'admiration des arts qu'elle avait oublié cet endroit. En un bond la voilà debout. Elle se glissa derrière le petit garnement et lui laissa un jovial : « Grazie mille ! » Les seuls mots qu'elle connaissait en italien, autant les utiliser non ? Elle s'engouffra dans un long, long, long, très long corridor où se situait un escalier de secours. Elle mit sa main devant sa bouche, simulant une nausée. Très réaliste, les visiteurs se poussèrent un à un et puis, dans un bruit sourd, Iolana descendait les marches toute guillerette.

Ces escaliers étaient interminables, pas étonnant que personne ne les utilisait. Iolana ne croisa personne durant sa descente, c'était pour le mieux. Quand elle arriva à la fin de son immense périple, elle s'écroula sur le sol frais constitué de béton. Après quelques secondes d'extase en contact avec le sol, elle se relava pleine d'énergie et continue sa route qui finissait sur une immense porte. Un léger problème en perspective. Un boîtier se situait à sa droite. Elle analysa la chose. Seulement, n'ayant suivi aucun cours de mécanique, il était difficile pour elle de comprendre quoi que ce soit. Elle attrapa son appareil photo et pris une photo du joli petit boîtier. J'ai toujours adoré ces gadgets, j'ai bien fait de le garder au lieu de le vendre pour un peu de monnaie ! Elle pressa le bouton pour le déclencher le flash. Mais un tout autre phénomène se produisit. Une liste apparut sur l'écran de l'appareil photo. Une liste des noms de toutes ses camarades. Elle sélectionna Maeru. Elle était la seule à pouvoir ouvrir la porte, Iolana le savait. Et comme elle se trimbalait avec des appareils en tout genre, elle aurait forcément la jolie photo accompagnée du charmant message suivant :

« Ah que coucou ! Je crois que notre adorable gagne-pain se cache derrière l'immense porte protégée par ce charmant boîtier ! Tu pourrais venir t'en occuper, ce serait vraiment trop choupinou !
Ta charmante acolyte.
Agent 007 »

Très vite, les criminelles se fondirent dans la masse et ne resta qu'une imposante cohorte de touristes. Il semblait facile pour ses compagnes de se faire passer pour eux, remarqua Maeru avec un certain malaise; chacune partit dans une direction différente : Iolana, munie de son appareil photo, s'enfonça dans une galerie d'arts divers; Reisen partit s'émerveiller de tout et de rien, suivie de près par June, qui la suivait du regard, agacée. Les autres ... Maeru se retourna. Un petit garçon l'observait fixement, les yeux grands ouverts. Il tenait dans ses mains un objet qui ressemblait au support d'un gps, que la jeune femme connaissait bien. Il avait du tomber de sa poche, probablement lorsque les touristes la poussaient brutalement pour la dépasser. Tétanisée, elle cligna des yeux en scrutant le gamin. Merde ! Comment avait-elle pu être si inattentive ?! Le gadget qu'il avait dans les mains pouvait créer une explosion qui nuirait à leur couverture. Le mioche, qui jouait avec le dispositif et la ventouse reporta son attention sur elle lorsqu'elle s'agenouilla doucement devant lui. Elle tenta un sourire maladroit et tendit la main : " Tu me le rends, maintenant, s'il te plait ? " Fronçant les sourcils, il prononça lentement : " Nan." S'étranglant à moitié, Maeru attrapa le bout de l'objet et tira. Le gamin en fit autant de son côté, en répétant " C'est à moi, à moi, à moiieuh ", avant de coller sa main sur la ventouse. Le combat cessa aussitôt, laissant Maeru pantoise. Elle le toisait maintenant avec une frayeur manifeste. S'il lâche la ventouse, ça va ...

Autour d'eux, les touristes continuaient d'affluer, passant à côté d'eux sans leur prêter un semblant d'attention. Maeru jura tout haut, puis attrapa violemment le mioche par la taille en lui signifiant de ne pas lâcher la ventouse. Elle cherchait des yeux les indications pour accéder aux toilettes en bravant la foule aussi vite qu'elle pouvait. Elle remarqua au passage les nombreuses caméras disposées un peu partout, ce qui augmenta considérablement son inquiétude. Rien ne se passait comme elle aurait voulu, ici. Elle franchit rapidement plusieurs couloirs, serrant le gosse contre elle. Enfin, elle arriva aux toilettes, y entra et verrouilla la porte avec un de ses gadgets en plus du loquet. Elle déposa l'enfant près du lavabo et sortit tous les outils qu'elle avait emportés. Aucun ne lui semblait approprié pour ce genre de situation. Alors qu'elle maudissait le gamin qui la regardait toujours, hébété, elle sentit sa montre émettre une courte pression sur son avant bras, lui signalant un message d'une de ses compagnes. Le boitier semblait assez simple, mais elle ne pouvait laisser Iolana se débattre avec des instructions qu'elle jugerait incompréhensibles. Elle réfléchissait quand soudain elle fut brutalement projetée en arrière par une explosion. Se relevant avec difficulté, elle vit que les toilettes au fond de la pièce ainsi que le mur avaient été complètement annihilés. L'enfant, ébahi et couché sur le sol, observait les décombres en tremblant. Il ne semblait pas blessé, remarqua avec soulagement Maeru. Elle jura, ramassa ses outils et connecta sa montre à l'appareil photo d'Iolana. Elle ne pouvait pas laisser l'enfant ici, il risquait de tout raconter lorsque la sécurité arriverait. Le tirant par le bras, elle l'emmena avec elle, se faufilant dans la foule pour ne pas se faire remarquer et prenant soin de détraquer les caméras avec un brouilleur.  

L'étrange couple rejoignit Iolana, essoufflé. Maeru, en ignorant le regard étonné d'Iolana et le gamin entreprit de se concentrer. Elle vint rapidement à bout du mécanisme et l'immense porte s'ébranla, dans un énorme fracas. La jeune femme bipa les autres afin qu'elles soient au courant de la découverte d'Iolana.

Leur mission avait tout pour plaire à Reisen : de retour au Vatican, ses coéquipières et elle faisaient la visite d'un musée... et quel musée ! La jeune fille en restait bouche bée - au sens propre - et n'en croyait pas sa chance. Chaque tableau, chaque objet l'attirait, et elle papillonnait d'une exposition à l'autre sans discontinuer, retenant mal ses cris d'excitation. Malheureusement pour elle, June semblait décider à la garder auprès d'elle, et ne la quitta plus des yeux après l'avoir ramenée à elle sans ménagement. Qu'à cela ne tienne, les yeux de Reisen était toujours aussi brillants, et voletaient aux quatre coins de chaque pièce, ce qui aurait donné le tournis à n'importe qui suivant son regard. Continuant leur visite, June et elle arrivèrent au sommet d'un escalier en colimaçon ce qui, vraiment, était le clou du spectacle, un véritable chef-d'oeuvre extraordinaire... (merci Chloé).

"Euh June, pourquoi tu te déshabilles ?" Reisen avait beau être ouverte d'esprit, elle acceptait le naturisme et tout et tout, mais là elle ne comprenait pas trop les intentions de sa collègue. Enfin (elle haussa les épaules), June n'était pas moins vêtue que d'habitude, et du moment qu'elles n'attiraient pas l'attention... des gardiens du musée par exemple... ou des agents de sécurité... oui parce que, en passant, la voleuse n'avait pas pu s'empêcher de ... ben de voler. Oh, juste une broutille, un petit peigne en nacre ayant appartenu à elle ne savait plus quelle noble, vraiment, rien de quoi en faire tout un plat. "Il est trop joliiiii ! tu trouves pas ?" demanda-t-elle à sa voisine pendant qu'elles descendaient l'escalier.

Une fois au point de rdv, elles attendirent toutes les deux que leurs comparses les rejoignent. Au bout de 5min, Reisen étouffa déjà un bâillement - cette partie du bâtiment était nettement moins intéressante. Mais sa montre se mit soudain à biper, ce qui la fit sursauter, et il se passa encore un certain temps avant qu'elle se souvienne de ce que cela signifiait. Ce n'était pas son réveil, c'était un message ! Se trémoussant d'excitation, la jeune fille appuya sur la combinaison de boutons qui commandait l'affichage du message et le lut à toute vitesse. "Iolana a trouvé un truc, Maeru veut qu'on vienne voir ! Tu viens ?!" Sans attendre sa réponse, Reisen se mit à courir à travers le premier couloir venu, sans se demander s'il la mènerait dans la bonne direction ou non.

Kurata observa tout ce petit monde partir recueillir des informations, chacun sa direction ... Mais elle, elle ne savait où aller. Il y avait tellement de salles à visiter que cela lui donnait le tournis rien que d'y penser. Elle ne savait pas par qu'elle galerie commencer, car il fallait être efficace et rapide, or cela allait être difficile avec cet immense bâtiment. Ainsi, à chaque fois que la jeune fille s'avançait vers une entrée, elle s'arrêtait, hésitait, pour finalement faire demi-tour et observer une nouvelle fois le plan, sans jamais parvenir à se décider.
Elle savait qu'elle perdait du temps à faire les cent pas de la sorte, et cela n'arrangeait pas son impatience qui se faisait de plus en plus grandissante. Elle poussa un ultime grognement : "Et bien soit ! Si c'est comme ça je vais demander à un guide, ça ira plus vite !" Elle se retourna furieuse, non sans attirer les regards intrigués des touristes, et fonça vers le premier guide qu'elle aperçut. Ce dernier était de dos et en train de répéter pour la énième fois le même discours barbant à propos d'un vieux cailloux inutile et moche de surcroît. Lorsqu'il finit et que les touristes levèrent le nez tels des agneaux extasiés devant un papillon, elle lui choppa le bras et le plaqua contre un mur, dans un couloir plus ou moins vide. Elle tenta de se calmer, car au fond elle s'était énervée dans son coin sans raison, et entama les négociations :
"Bonjour gentil monsieur, dit-elle avec un sourire inquiétant, sauriez-vous où je pourrai trouver une vieille relique qui serait en rapport avec une porte et l'Enfer ? Le guide paru très surpris.
- Pardon, mais de quoi vous parlez, et puis qui êtes-vous, pourquoi vous m'avez entraîné avec vous ? Je vais appeler la police alors lâchez-moi !" Kurata soupira tandis qu'il essayait de se débattre.
- Fin des négociations." Elle sorti son yoyo adoré et le fit aller de gauche à droite trois fois devant les yeux de l'homme sans le quitter des yeux. Ceci fait elle se mit à la hauteur de l'homme -d'assez petite taille- et le regarda droit dans les yeux : "Hop !" Le guide était maintenant sous son contrôle. Il tomba dans un état évasif, on aurait dit qu'il dormait debout, ses bras descendirent lentement le long de son corps et garda la bouche entre-ouverte sans émettre un son. La jeune fille claqua des doigts. Cela n'apportait rien à son action mais cela l'amusait de le faire. Elle lâcha l'homme qui tenait debout on ne sait comment et lui demanda de manière autoritaire :
"Dis-moi où se trouve la relique adorée que cache le Vatican. Ça parle de porte et d'Enfer et ça vaut beaucoup d'argent. Et si tu ne sais pas de quoi je parle, dis moi simplement où tu n'as pas le droit d'aller. Vu ce que tu fais ici, tu ne dois pas être très important et les recoins les plus intéressants doivent t'être interdis.
- Il me semble que ...*BOUM* !" Une énorme explosion se fit entendre dans le musée. Les gens aux alentours se mirent à crier et à courir dans tous les sens tandis que le personnel de sécurité tentait en vain de calmer la foule. "Bah je croyais qu'on devait pas tuer des gens ?" S'interrogea Kurata à haute voix, ne doutant pas une seule seconde de qui était à l'origine de ce raffut. De nombreux touristes s'empressaient maintenant dans le couloir vide. La sortie n'était pas par là, mais les gens sont un peu cons quand ils paniquent. La jeune fille se demanda quoi faire du guide qui n'avait pas bougé d'un cil. Il n'allait plus lui servir, d'autant plus qu'elle et ses camarades allaient devoir fuir rapidement, et elle n'allait pas s'encombrer de lui. Il fallait donc s'en débarrasser, mais la foule aux alentours ne permettait pas d'abattre l'homme, cela était trop risqué avec ce mouvement de panique. Elle soupira alors et s'avança de l'homme. Elle lui ordonna de dormir en le fixant droit dans les yeux. L'homme tomba au sol immédiatement et semblait en effet dormir. La jeune fille ne savait pas combien de temps il allait rester dans cet état, d'habitude elle tue les gens dès qu'ils ne sont plus utiles, elle ne les endort pas. Un peu déçue, elle se dit tout de même qu'avec tous ces gens qui couraient et la bousculaient, l'homme allait sûrement rester coincé dans son rêve pour l'éternité. "Bon ça, c'est fait."
Après cela, elle reçu un message de Maeru disant de venir vite. La jeune fille observa rapidement la foule en se disant qu'elle ne pourrait jamais passer en contre-courant. Puis elle vit une porte où l'accès était interdit aux visiteurs. Elle y entra alors en courant et se dit qu'elle tomberait bien sur ses camarades à un moment donné.

Elle arriva en effet à l'endroit dicté par Maeru. En arrivant elle entendit l'annonce générale de Setsu, voyant arriver les ennuis depuis son poste de garde. Kurata s'arrêta appuya sur un bouton de son oreillette pour lui répondre : "T'inquiètes on gère à l'intérieur, dès que tout le monde est arrivé on se barre avec la relique, soit prête à nous guider. Et tu t'en doutes mais c'est la panique totale dans le musée, les gens courent partout." Après cette réponse rapide Kurata s'avança et vit une porte grande ouverte sur une immense pièce dans laquelle la plupart de ses camarades étaient déjà entrées. La jeune fille entra sans craindre les caméras installées partout dans la pièce, elle savait très bien que sa compère les avait déjà toutes brouillées. Son intention se porta plutôt sur le manuscrit exposé dans la pièce. Comme tous les objets de grandes valeurs, ce dernier était posé sur un coussin fait du tissu le plus précieux et normalement entouré d'une vitre de verre composée d'alarmes et autres systèmes de sécurité derniers cris -bien entendu cette vitre était déjà éclatée en mille morceaux par terre.-
Elle voulut commencer à lire ce bout de papier si précieux et mystérieux, mais elle sentie une présence étrangère près d'elle. Quelque chose tirait sur son yoyo adoré et elle sentit la colère de nouveau monter en elle. Elle baissa la tête et vit un morveux qui tentait de s'emparer de son arme. Elle lui agrippa alors les cheveux en tirant assez fort pour que ce dernier lâche. Tandis qu'il criait de douleur la jeune fille interrogea ses camarades : "Qu'est-ce que ce mioche fait ici, c'est pas la journée découverte des métiers ! Va falloir se débarrasser de lui vite fait et se barrer avec la relique, les flics vont pas tarder à débarquer." Mais les cris du gamin se faisaient de plus en plus fort. Elles allaient se faire repérer d'un instant à l'autre s'il n'arrêtait pas. Kurata, excédée, le prit violemment par le col et le regarda droit dans les yeux et laissa parler sa plus sombre nature : "Ecoute moi sale mioche, si tu continues de crier comme un goret je te jure que je me ferai une joie immense de t'éventrer avec un morceaux de vitre et de te pendre avec tes propres boyaux devant tes parents avant de les tuer à leur tour ! C'est clair ?" La jeune fille le laisse tomber tout de suite. Pas besoin de voir sa réaction, après cela il allait être silencieux au moins pendant une dizaine de minutes. L'enfant tomba en effet au sol comme une masse et ne disait plus rien. Il fixait au loin, sûrement en train de s'imaginer la sentence de son bourreau.

Le chaos. Voilà le mot qui décrivait le mieux l’instant présent pour Heather. L’alarme qui retentissait, ajouté au cri des touristes effrayés et les paroles de Setsu lui arrivant directement dans l’oreillette, Heather ne s’entendait même plus penser, elle était déstabilisée. La situation prenait une tournure imprévue. Cela arrivait très régulièrement mais cette fois elle ne parvenait pas à rassembler ces idées et trouver un moyen de les extirper de cette situation. Heather tenta de faire le point de la situation. Elle ferma les yeux et respira un grand coup, comme elle le fait toujours lorsqu’elle doit s’éclaircir l’esprit. Elles avaient le manuscrit, mais il leur restait encore à sortir d’ici et d’après leur coéquipière placée sur les toits c’était mal engagé. Heureusement pour eux, les visiteurs étaient trop apeurés pour s’occuper d’eux et personne n’avait dû les remarquer avant l’explosion. Elles n’auraient donc pas à s’inquiéter de quelconques témoins si elle parvenait à éviter les forces de l’ordre, ce qui était déjà loin d’être gagné. Heather rouvrit les yeux, tout ce qu’elle avait à faire était de trouver un chemin pour sortir de ce bâtiment. Setsu pouvait les aider à se faufiler et échapper à la police à partir de l’extérieur mais dans le musée elles étaient livrées à elles-mêmes. Et d’après les cris masculins et confiant qu’elle entendait au loin, le petit groupe d’assassin n’avait plus beaucoup de temps. La police s’était déjà introduite dans le bâtiment et était parti à la recherche des fauteurs de troubles. Alors qu’elle examinait les alentours pour trouver une issue, elle le vit. C’est alors que toutes ces certitudes volèrent en éclat. Un gamin. Au milieu du groupe se tenait un enfant, regardant par terre, s’apitoyant sur son sort. Comment avait-elle pu le louper ?! Que faisait-il là ? Pourquoi ne fuyait il pas ? Tant de questions, si peu de temps.
Peut être que les touristes effrayés n’avaient pas vu le groupe mais lui n’avait pas pu le louper, il constituait un témoin gênant.

« Il faut l’éliminer. »

A ces mots le petit garçon, tourna la tête vers elle et eut un mouvement de recul, ses yeux étaient grands écartés, noyés de larmes. Tout ce que l’on lisait sur son visage était la peur, la peur à l’état pur, ce qui dégoûta immédiatement Heather. Il fait pitié, pensa-t-elle  alors qu’elle s’avança vers lui, portant la main droite à sa dague. Il recula jusqu’à heurter le mur. Il n’avait plus d’issue, il ne tentait rien pour se défendre ou lui échapper, il se contentait d’hurler et de pleurer. Minable. Elle plaqua de son avant bras gauche le torse de l’enfant contre le mur pour s’assurer qu’il ne bouge pas quand le coup partira, puis sortie calmement ça dague de son fourreau, et d’un coup net et rapide trancha la gorge du jeune garçon. Elle s’éloigna, laissant le corps glisser le long du mur. Elle occulta facilement les bruits d’agonie du garçon, elle devait se préoccuper de choses bien plus importante que cela : la survie de son équipe.

Le sang de l'enfant commençait déjà à sécher le long du mur ; les œuvres d'art craignant l'humidité, le chauffage dans la " cave " était de rigueur. La jeune femme n'avait pas été plus touché que ça, il n'était qu'une gêne. Il était jeune certes mais il n'avait pas eu la chance de tomber sur Maeru et de vouloir jouer avec ses nombreux gadgets. Ce fut probablement l'erreur de sa courte existence.


Iolana écoutait avec attention les instructions de June. Deux minutes, no problem. L'assassin, quelques peu maniaque du temps se préparait déjà à compter les minutes durant lesquelles ses camarades et elle allaient devoir patienter, l'odeur du sang chatouillant leurs narines.

Une fois leurs collègues parties, la jeune femme commença à compter les secondes qui lui restaient à attendre dans la pénombre du tombeau de l'enfant. Elle entendait Reisen trépigner des pieds et de l'autre côté, Kurata faisait descendre et monter son yoyo. Iolana fixait, déterminée, les escaliers qui les conduiront vers leur échappatoire. Elle se retourna vers ses camarades ; C'est bon, le parchemin est en notre possession ... Elle tiqua cependant, une feuille dépassait légèrement du soutien-gorge de Kurata. L'assassin hésita et s'avança vers elle ; « Hum, Kurata ... Le parchemin sort- » Elle s'arrêta brusquement et pris Reisen par le poignet. Cela faisait deux minutes qu'elles attendaient, deux minutes. Iolana se mit à courir, espérant que Kurata eut le réflexe de la talonner. Elle ne se retourna pas, ne vérifia pas si elle la suivait, elle devait la suivre. Elles montèrent une à une les marches des escaliers – ces escaliers interminables qui plus est.

La jeune femme avait décidé de prendre l'étage au-dessus de celui par lequel June, Heather et Maeru étaient sorties – plus de discrétion avec un peu de chance. En ouvrant la porte qui la mènerait à cet étage, Ionala et son petit groupe tombèrent nez à nez avec des agents de sécurité, tout aussi secoués que les quelques touristes hystériques qui restaient, probablement perdus. L'un des agents les dévisagèrent – elles sortaient par un accès interdit au public mine de rien. Oups. L'assassin commença à grimacer ; une jolie petite grimace d'enfant perdue. L'agent la dévisagea d'autant plus. Elle s'avança vers cet homme et commença à balbutier des mots incompréhensibles – elle ne les comprenait pas elle-même. L'homme, qui continuait à la regarder étrangement, soupira et lui tendit une carte. Il lui traça le chemin au marqueur et lança un bref " buona fortuna " avant d'aller aider d'autres âmes perdues dans les couloirs. Sans se faire prier, Iolana entraîna Reisen et cria en agitant des bras pour remercier son ange gardien.


La lumière du jour pourrait presque aveugler les yeux de la jeune femme. Mais les sirènes des voitures de police la rendrait presque sourde. Par réflexe, elle se cacha derrière l'un des piliers du musée, espérant ne pas être vue ou pire, reconnue.

Leur groupe fut rapidement réuni, sans trop d'encombres, dans une pièce sombre et manifestement interdite au public – soif que voilà, elles n'étaient pas des touristes lambda. Elles, elles avaient une mission ! Reisen trépignait d'impatience, surtout depuis qu'elle avait pu jeter un coup d'oeil à la relique qu'elles étaient venues chercher. Ça avait l'air mystérieux, et le mystère, elle adorait ça. Rien ne semblait capable de refroidir son enthousiasme. « Super cette idée de diversion ! » lança-t-elle à Maeru en lui adressant un sourire admiratif, les yeux brillants. Les explosions, ce n'étaient pas trop son truc d'habitude, elle préférerait la discrétion pour mener à bien ses vols, mais là il fallait avouer que c'était particulièrement efficace : personne ne ferait attention à elles.

Lorsque Heather s'approcha du gamin, Reisen n'effectua pas le moindre geste, persuadée que sa collègue allait tout simplement assommer ce témoin gênant, ou le convaincre de ne pas parler ; mais quand elle la vit sortir son arme de son fourreau, elle ne put s'empêcher de pousser un petit cri. L'horrible besogne fut achevée rapidement, mais le regard horrifié de la voleuse resta un moment fixé sur le cadavre du garçon. Lorsqu'elle fut enfin capable de détourner le regard, elle croisa celui de June et il lui sembla y lire une indignation semblable à la sienne, ce qui la rassura. Mais comme personne ne protesta, elle garda le silence et se contenta d'écouter les ordres – pour une fois. Autant dire qu'elle n'était vraiment pas dans son état normal.

Les deux minutes qui suivirent furent probablement les plus longues de sa vie. Sérieusement. Au-delà des murs leur parvenaient les cris des visiteurs affolés et le fracas de leur course sur les pavés ; Reisen s'imaginait sans mal une panique générale, et le simple fait de devoir attendre, immobile, dans cette lugubre pièce lui était insupportable. Enfin, Iolana lui prit violemment le poignet, ne laissant à la jeune fille que le temps de prononcer un semblant de protestation (« Maieuuhhheyyy ! ») avant de l'entraîner à sa suite. Au final, celle-ci était soulagée d'être à nouveau en mouvement après cette éternité passée à attendre, et courut à ses côtés.

Les gardes qu'elles rencontrèrent ne posèrent pas de problème et Iolana s'en débarrassa facilement – mieux, elles avaient maintenant une carte. Les cartes, c'était compliqué à lire, mais ça aidait quand on était perdu. Enfin du moins, c'est ce qu'on disait, elle elle n'avait jamais réussi à s'en débrouiller. Heureusement que ses collègues étaient là, ouf, elles ne seraient pas perdues longtemps. Pendant que son groupe se rassemblait et attendait le retour de Setsu, Reisen en profita pour admirer l'architecture du bâtiment, et notamment les colonnes sur lesquelles elles s'appuyaient. Et, en passant, elle déroba aussi quelques objets exposés dans les vitrines ; de toute façon, qui s'en apercevrait ? Le musée était déjà plongé dans la panique, la relique la plus précieuse était en leur possession, alors elles n'étaient plus à ça près.

Mais voilà, elle n'avait pas prévu de sac pour conserver ses recels, et ses mains furent bientôt pleines. Elle jeta un regard soucieux autour d'elle, puis son visage s'illumina. Elle n'avait qu'à faire comme Kurata, et dissimuler ces objets dans son soutien-gorge. Là, il y avait de la place. Satisfaite, elle revint vers le reste du groupe avec une expression de triomphe.